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Grand-Mariage et pouvoir : Azali Assoumani nommé notable à Ngazidja, entre tradition et controverse

Mitsoudjé, 13 avril 2025 — Une scène rare et chargée de symboles s’est jouée ce week-end aux Comores. Le président de l’Union, Azali Assoumani, a officiellement accompli le Grand-Mariage – cérémonie traditionnelle comorienne parmi les plus prestigieuses – et a, à cette occasion, été élevé au rang de notable par la notabilité de Ngazidja. Un événement historique qui suscite autant d’enthousiasme que de critiques.

Cette démarche, perçue par certains comme un retour aux valeurs ancestrales, ravive aussi de vieux débats sur l’identité, la modernité et la gouvernance dans un pays où les traditions pèsent lourdement sur les dynamiques sociales et économiques.

Un geste hautement symbolique… et politique

Le Grand-Mariage, ou « Anda », est souvent salué comme un rituel de cohésion et de reconnaissance sociale. Mais il est aussi vivement critiqué pour son coût exorbitant et son poids économique sur les familles, parfois poussées à l’endettement. Ce paradoxe est d’autant plus fort que le président Azali lui-même avait autrefois promis de « lutter contre cette pratique archaïque », qu’il jugeait incompatible avec une vision moderne et sobre du développement.

Aujourd’hui, ce revirement soulève des questions : s’agit-il d’un calcul politique pour séduire les élites locales et consolider son pouvoir ? Ou d’un acte sincère de réconciliation culturelle dans un contexte où les institutions et les traditions peinent à coexister ?

Une société entre deux mondes

En devenant notable, Azali Assoumani inscrit son nom dans une tradition séculaire, mais expose également le fossé qui persiste entre les aspirations d’un État moderne et les réalités profondes de la société comorienne. Dans un pays en quête de stabilité, où jeunesse, émigration, précarité et inégalités sociales marquent le quotidien, ce geste pourrait apparaître comme déconnecté des priorités nationales.

Pour certains, c’est un retour aux sources légitime, voire une stratégie de légitimation sociale. Pour d’autres, c’est un symbole d’hypocrisie politique, voire un aveu d’échec en matière de réforme.

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